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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

et les serra en souriant. Elfy le regardait avec une joyeuse satisfaction.

ELFY.

Et moi donc ! quelle peur j’ai eue aussi, moi !

MOUTIER.

Une peur qui vous a donné le courage de tout braver. Vous, vous n’avez pas hésité un instant ! Votre air intrépide, lorsque vous êtes entrée, m’a inspiré un véritable sentiment d’admiration, et de reconnaissance aussi, soyez-en certaine.

ELFY.

Je suis bien heureuse que vous soyez content de moi, cher monsieur Moutier. J’avais bien peur d’avoir fait une sottise. »

Moutier sourit.

« Il faut que j’aille voir là-bas ce qui se passe, dit-il ; je tâcherai d’abréger le plus possible, et je verrai ce que devient le pauvre Torchonnet.

JACQUES.

Voulez-vous que j’aille avec vous, mon bon ami ? Cette fois, il n’y aura pas de danger.

MOUTIER.

Je veux bien, mon garçon ; mais que ferons-nous de Torchonnet ? Si nous le menions chez le curé ?

ELFY.

Pourquoi ne l’amèneriez-vous pas ici ?

MOUTIER.

Parce que votre maison n’est pas une maison de refuge, ma bonne Elfy ; d’ailleurs savons-nous ce qu’est ce malheureux garçon, et si sa société ne serait pas dangereuse pour les nôtres ? Si le curé veut bien le garder, c’est tout ce qui pourrait lui arriver de plus