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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

parviennent enfin à me jeter par terre. L’un d’eux saute sur ma poitrine, pendant que d’autres me garrottent les pieds, les mains, et m’enfoncent dans la bouche un mouchoir qui m’étouffait. J’ai bientôt perdu connaissance, et je ne sais pas comment j’ai été délivré ni comment vous avez pu deviner le danger où je me trouvais.

MOUTIER.

Je vous raconterai cela, mon général, quand vous vous serez reposé ; vous avez l’air fatigué. Il vous faut un médecin, et je vais l’aller chercher.

LE GÉNÉRAL.

Je ne veux rien que du repos, mon ami. Pas de médecin, pour l’amour de Dieu ! Laissez-moi dormir. La pensée que je me trouve ici, chez vos bonnes amies et près de vous, me donne une satisfaction et un calme dont je veux profiter pour me reposer. À demain, mon brave Moutier, à demain. »

Le général avala un second verre de vin, tourna la tête sur l’oreiller et s’endormit.