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L’AUBERGE DE L’ANGE-GARDIEN.

cours de son ami. Il avait été retardé par le chemin plus long qu’il avait dû prendre pour revenir au village. Elfy lui expliqua en peu de mots ce qui venait d’arriver, et le ramena avec elle, pensant qu’il gênerait Moutier plus qu’il ne lui servirait.

Les hommes qu’Elfy avait trouvés tremblants dans la salle de l’auberge déployèrent un courage héroïque, aussitôt qu’ils eurent appris par Elfy où en étaient les choses et le genre de secours que leur demandait Moutier. Ils se lancèrent bruyamment dans la chambre où gisaient les blessés, et s’empressèrent d’offrir au vainqueur l’aide de leurs bras pour terrasser ses ennemis.

MOUTIER.

Quant à cela, Messieurs, je ne vous ai pas laissé d’ouvrage, les voilà tous par terre ; mais il faut que vous m’aidiez à les loger, aux frais de l’État, dans la prison de la ville la plus proche. Je ne suis ici qu’en passant ; je n’y connais personne. Et puis vous voudrez bien, quelques-uns de vous, m’aider à transporter le pauvre étranger qu’ils ont voulu égorger et qui n’a pas encore repris connaissance ; pour celui-là, c’est un médecin qu’il faut et de bons soins. »

Les vaillants habitants se mirent à la disposition de Moutier, dont l’habit militaire, la croix et les galons de sergent les disposaient au respect. Il en dépêcha deux à la ville pour requérir les gendarmes ; il donna à quatre autres la garde des malfaiteurs, avec injonction de garrotter la femme et son frère. Il en envoya un demander à madame Blidot si elle pouvait recevoir l’étranger, et il garda les autres pour l’aider à faire revenir le blessé et pour aller délivrer Torchonnet dont il indiqua la prison. Madame Blidot ne fit pas attendre la réponse.

« Tout ce que vous voudrez et quand vous voudrez,