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allait coucher à l’écurie, sur de la paille qu’on allait lui donner.

« Et toi, Jean, avant d’aller te coucher, aide-moi à me dévêtir et à gagner mon lit. »

Jean l’aida de son mieux, avec beaucoup d’adresse et de soin. Lorsque Kersac fut couché, Jean s’assit sur une chaise.

Kersac.

Eh bien ! que fais-tu là ? Tu ne vas pas te coucher, comme Jeannot ?

Jean.

Je vais coucher près de vous, monsieur, je dormirai très bien sur une chaise.

Kersac.

Es-tu fou ? Passer une nuit sur une chaise ? pour une foulure au pied ? Va te coucher, je te dis.

Jean.

Mais, monsieur, vous ne pouvez pas vous lever ni vous faire entendre. S’il vous prenait quelque chose la nuit ?

Kersac.

Que veux-tu qu’il me prenne ? Je vais dormir jusqu’à demain. Bonsoir, et va-t’en. »

Jean ne dit rien, souffla la chandelle et fit semblant de sortir. Mais il rentra sans faire de bruit, s’étendit sur trois chaises, et ne tarda pas à s’endormir.