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Jean.

Merci bien, monsieur ; j’ai dîné avec Jeannot avant de quitter Vannes.

Kersac.

Dîné ? où donc ? avec quoi ?

Jean.

Nous avons dîné à l’écurie, monsieur ; nous avions de quoi. Maman nous avait donné les restes du lapin, qui nous avait déjà fait un fameux souper hier soir. Il nous en reste encore une cuisse, et puis du pain et de la galette.

Kersac.

Et tu crois que je vais m’empâter de bonnes choses, et que je te laisserai manger un vieux morceau de lapin et boire de l’eau ?

Jean.

Il n’est pas vieux, monsieur, il est d’hier ; et, quant à l’eau, nous y sommes habitués, Jeannot et moi. Et puis, à Vannes, la bonne dame de l’hôtel m’a donné une bouteille de cidre qui était fièrement bon.

Kersac.

Je te dis que ce ne sera pas comme ça ; tu mangeras avec moi ; les bouchées que j’avalerais me resteraient dans le gosier si je me donnais un bon dîner pendant que tu grignoterais des os et du pain dur. Demande deux couverts… entends-tu ? Deux couverts ! »

Jean restait immobile ; il semblait vouloir parler et ne pas oser.

Kersac.

Voyons, Jean, as-tu quelque chose qui ne veut pas sortir. Qu’est-ce que c’est ? Parle.