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mon cheval du fouet et je te donnerai une correction dont tu te souviendras longtemps. Si je n’avais le pied foulé, grâce à toi, animal, imbécile, je te donnerais une raclée qui te ferait danser jusqu’à demain. Va-t’en, et ne te présente plus devant moi, oiseau de malheur ! »

Jeannot ne se le fit pas répéter ; il avait hâte aussi d’échapper aux regards courroucés de Kersac, et ne quitta le coin le plus obscur de l’écurie que lorsque son ennemi eut lui-même disparu.

Jean avait appelé du monde pour aider Kersac à descendre du cheval ; il était grand et fort, on eut de la peine à y arriver et à l’établir dans une chambre du rez-de-chaussée qui se trouvait heureusement libre.

Quand il y fut installé, Jean s’assit sur une chaise.

Kersac.

Eh bien ? que fais-tu, mon ami ? Tu ne vas pas rester là, je pense ?

Jean.

Pardon, monsieur ; à moins que vous ne me chassiez, je resterai près de vous pour vous servir, jusqu’à ce que vous soyez en état de monter en carriole pour retournez chez vous.

Kersac.

Mais, mon ami, tu vas t’ennuyer comme un mort. Rester là, à quoi faire ?

Jean.

À vous servir, monsieur. Les gens de l’auberge sont bien assez occupés, ils vous négligeraient,