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« N’essayez pas, n’essayez pas, monsieur, dit Jean ; je vais calmer votre cheval ; je l’approcherai tout près de vous, et si vous pouvez monter dessus, nous sommes sauvés. »

Kersac était au bord du fossé qui bordait la route. Jean détacha le cheval, le caressa, le flatta, lui présenta une poignée d’herbe, et, pendant que l’animal mangeait, il le fit descendre dans le fossé, l’arrêta en face de Kersac, et le maintint par la bride pendant que Kersac cherchait à le monter. Il n’y parvenait pas, parce qu’il ne pouvait s’appuyer sur son pied foulé.

Jean.

Couchez-vous en travers sur le cheval, monsieur, et quand vous y serez, passez votre jambe blessée. »

Kersac suivit le conseil de Jean et se trouva solidement placé sur le dos du cheval. Jean lui fit remonter le fossé avec précaution et le mena par la bride. Ils arrivèrent à Malansac à la nuit ; le premier objet que vit Kersac fut Jeannot se tenant à moitié caché derrière la porte de l’écurie.

« Viens ici, polisson ! » lui cria Kersac.

Jeannot aurait bien voulu se sauver ; mais par où passer ? et que deviendrait-il ensuite ? Il faudrait bien qu’il finît par se retrouver en face de Kersac. Il prit donc le parti d’obéir ; il avança jusqu’à la tête du cheval.

Kersac.

Pourquoi et comment as-tu laissé échapper mon cheval ?