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Kersac.

Si fait, si fait, je m’y connais ; j’en ai eu plus de dix à mon service ; je ne me trompe plus maintenant. »

Ils retournaient sur leurs pas et reprenaient la grande route de Malansac, lorsqu’ils entendirent le galop précipité d’un cheval. Quand il approcha, Kersac reconnut le sien qui arrivait ventre à terre. Il se jeta sur la route pour lui couper le chemin, saisit la bride, mais le cheval était lancé ; Kersac, malgré sa force, ne put l’arrêter sur le coup, et il se trouva jeté par terre, traîné et en danger d’être piétiné. Jean, voyant l’imminence du péril, se jeta au-devant du cheval et se suspendit à ses naseaux, ce qui le fit arrêter, à moitié calmé, immédiatement.

Kersac voulut se relever, mais il retomba ; il avait un pied foulé.

Jean commença par attacher à un arbre l’animal essoufflé et tremblant, et courut à Kersac, qui était pâle et prêt à défaillir. Jean aperçut une fontaine près de la route ; il y courut, trempa son mouchoir dans cette eau fraîche et limpide, et revint en courant pour bassiner le front et les tempes de Kersac. Deux fois encore il retourna à la fontaine ; ce ne fut qu’à la troisième fois que Kersac rouvrit les yeux et reprit connaissance.

Il serra la main de Jean et essaya de se lever ; ce fut avec une grande difficulté et après plusieurs essais qu’il put y parvenir ; il se tint debout, appuyé sur son bâton, mais il ne pouvait marcher.