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Kersac.

Hem ! hem ! tu crois ? Il n’a pas une mine à porter bonheur. Regarde-le donc ; il dort comme un loir, et, tout en dormant, il boude et il rage. »

Jean se retourna en souriant et trouva, en effet, une mine si irritée et si maussade à son cousin Jeannot, qu’il ne put s’empêcher de rire tout haut ; sa gaieté gagna Kersac, que son marché de petits cochons avait mis de belle humeur, et tous deux rirent si bruyamment que Jeannot se réveilla. Il regarda autour de lui.

« Qu’y a-t-il donc ? Pourquoi riez-vous si fort ? »

On riait trop pour pouvoir lui répondre, ce que Jeannot trouva mauvais ; il se recoucha, referma les yeux, et les rouvrit de temps en temps pour leur lancer un regard irrité, qui ne faisait qu’exciter les rires de Jean et de Kersac.

Le cheval trottait toujours ; Kersac remarqua qu’il avait beau poil, qu’il avait été bien bouchonné, bien soigné.

« Sais-tu, mon garçon, que tu me reviens beaucoup ? dit-il à Jean. J’ai bonne envie de te garder.

Jean.

Oh ! monsieur, c’est impossible !

Kersac.

Pourquoi donc ?

Jean.

Et Jeannot ?

Kersac.

Tiens, c’est vrai ! Ce diable de Jeannot ? Je voudrais bien t’en voir débarrassé.