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« Jeannot, tu es un petit gredin ! Tu vois les supplications de ton cousin, qui redoute pour toi (ce qui va t’arriver) des coups de fouet. Tu t’entêtes à ne pas lui accorder les excuses qu’il te demande à m’adresser. Je te dis à mon tour que tu vas de suite nous demander pardon de ta maussaderie, ou bien… Allons, à genoux dans la carriole, et un pardon bien prononcé. »

Jeannot ne bougea pas. Kersac leva son fouet ; Jean lui demanda grâce pour son cousin ; mais Kersac, indigné de l’obstination de Jeannot, lui appliqua un léger coup de fouet sur les épaules. Jeannot poussa un cri, Kersac frappa un second coup. Jeannot n’attendit pas le troisième ; il se jeta à genoux et cria Pardon ! de toute la force de ses poumons.

« À la bonne heure ! dit Kersac en se remettant en face de son cheval et en le faisant repartir. Et toi, mon pauvre garçon, ajouta-t-il en s’adressant à Jean et en reprenant sa voix calme, ne t’afflige pas. Ce vaurien a besoin d’avoir les épaules un peu caressées par le fouet ; tant que nous serons ensemble, je le rendrai docile sinon aimable. »

Jean ne répondit pas ; il avait eu peur pour Jeannot, et il craignait que ce dernier n’excitât encore la colère de Kersac. Quant à Jeannot, il faisait, comme d’habitude, des réflexions douloureuses sur le guignon qui le poursuivait et sur la bonne chance de Jean.

On arriva ainsi à Vannes. Kersac détela son cheval ; Jean lui offrit de le mener à l’écurie,