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Jean.

Vous ne connaissez pas Kénispère, près d’Auray et de Sainte-Anne ?

L’étranger.

Je ne connais rien de tout cela.

Jean.

Ni le sanctuaire de Mme Sainte-Anne ?

L’étranger.

Ni le sanctuaire.

Jean.

Ni la fontaine miraculeuse de Mme Sainte-Anne ?

L’étranger.

Ni la fontaine, ni rien de Mme Sainte-Anne.

Jean.

Mais vous n’êtes donc pas du pays, monsieur ?

L’étranger.

Non, je ne suis arrivé qu’hier soir ; je suis descendu à Auray, à l’hôtel, et je me promenais pour voir le pays, qui m’a semblé joli, lorsque je t’ai vu entrer à la chapelle ; je t’y ai suivi, et je me suis placé dans un coin obscur. Tu priais avec tant de ferveur et tu pleurais si amèrement, que j’ai de suite pris intérêt à toi ; tu as parlé haut en priant, et ce que tu disais a augmenté cet intérêt. Ton cousin est venu ; j’ai entendu votre conversation. J’ai fait le voleur pour vous donner une leçon de prudence ; il ne faut jamais compter son argent sur les grandes routes, ni dans les auberges, ni devant des inconnus. Je viens dans le pays pour voir l’église de Sainte-Anne qui va être reconstruite. Je veux voir le vieux sanctuaire avant qu’on le détruise.