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M. Boissec.

Moi et toi, ce n’est pas la même chose, coquin. J’étais le maître, tu étais mon subordonné. C’est moi qui t’avais formé…

Jeannot.

Et à quoi m’avez-vous formé, monsieur ? À voler mon maître, comme vous ! À ne croire à rien, comme vous ! À vivre pour le plaisir, comme vous ! Que voulez-vous donc de moi ? Si j’avais été honnête, je vous aurais dénoncé à M. le comte ! Est-ce ça que vous regrettez ? Est-ce ça que vous voulez ? Prenez garde de me pousser à bout !

M. Boissec.

Serpent ! vipère ! tu oses menacer ton bienfaiteur ?

Jeannot.

Vous, mon bienfaiteur ! Vous êtes mon corrupteur, mon mauvais génie, mon ennemi le plus cruel, le plus acharné !

M. Boissec.

Attends, gredin, je vais te faire comprendre ce que je suis. Auguste ! Félix ! par ici. Mettez à la porte ce drôle, ce voleur ; jetez-lui ses effets, et ne le laissez jamais remettre les pieds à l’hôtel. »

Auguste et Félix n’eurent pas de peine à exécuter l’ordre de l’intendant, de l’homme de confiance de monsieur. Ils traînèrent Jeannot jusque dans la rue, et lui jetèrent ses effets, comme l’avait ordonné M. Boissec. Obligé de céder à la force, il ramassa ses effets épars et se trouva heureux de retrouver une bourse bien garnie dans la poche