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qu’elle sera tout à fait volontaire de ta part. Et je t’avoue que tu me manquerais plus que je ne puis te dire, et que je t’aime, non pas comme un maître, mais comme un père. Depuis bien des années je te regarde comme mon enfant. Il me semble, comme à toi, que tu fais partie de mon existence, et que nous ne devons jamais nous quitter. Occupe-toi maintenant de hâter ton mariage ; tu comprends que tous les frais sont à ma charge, puisque c’est moi qui t’oblige à te marier. »

Jean sourit et remercia du regard plus qu’en paroles. La noce fut superbe ; il y eut deux jours de repas, de danses et de réjouissances, mais pas un instant Jean n’oublia son service près de son cher maître. À son lever, à son coucher, le visage de Jean fut, comme d’habitude, le premier et le dernier qui frappa les regards de M. Abel.

Ils vivent tous, heureux et unis ; quelques cheveux blancs se détachent sur la belle chevelure noire de M. Abel. Il a quatre enfants ; Suzanne et Abel les élèvent ensemble ; Suzanne s’occupe particulièrement de ses filles ; Abel dirige l’éducation des deux garçons ; l’un d’eux annonce un talent presque égal à celui de son père. Jean, marié depuis six ans, a déjà trois enfants. Ils vivent à la ferme avec leur mère. Kersac et Hélène mènent la vie la plus calme et la plus heureuse ; Kersac conserve sa vigueur et sa belle santé ; Hélène paraît dix ans de moins que son âge ; les enfants de Jean sont superbes ; la fille est blonde et jolie comme la mère ; les fils sont bruns comme le père.