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Kersac.

Un homme ! un cheval ! Je ne comprends pas ; je n’ai rien acheté, moi ! »

Il alla voir ; à peine eut-il jeté un coup d’œil sur le cheval, qu’il poussa un cri de joie en reconnaissant la magnifique trotteuse d’Abel. Le palefrenier lui expliqua que c’était un cadeau de M. Abel de N…, et lui présenta une lettre, qu’il ouvrit avec empressement. Il lut ce qui suit :

« Mon cher Kersac, vous avez raison ; la vie de Paris ne convient pas à la bête que je vous envoie ; elle sera plus heureuse chez vous ; rendez-moi le service de l’accepter pour votre usage personnel ; c’est à la campagne qu’elle déploiera tous ses moyens. Renvoyez-moi mon palefrenier le plus tôt possible, j’en ai besoin ici. Adieu ; n’oubliez pas votre ami.

« Abel N… »
Kersac.

Excellent homme ! perle des hommes ! cœur d’or ! comme dit mon petit Jean. Quel bonheur d’avoir cette bête ! Personne n’y touchera que moi ! Entrez, monsieur le palefrenier. Venez vous rafraîchir. »

Kersac confia à Hélène le soin de bien faire boire et manger le palefrenier. Il mena lui-même sa belle jument à l’écurie, lui fit une litière excellente, la pansa, la bouchonna, lui donna de l’avoine, de la paille. Quand le palefrenier voulut partir, il lui glissa quarante francs dans la main. C’était beaucoup