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et préférence que vous me témoigniez en toutes occasions, m’interdisaient toute tentative, par conséquent tout espoir. Mais si vous saviez combien j’ai souffert de ce silence forcé !

Suzanne, souriant.

À présent, mon ami, vous ne souffrirez plus que de m’avoir fait souffrir, moi aussi. À tout autre que vous (qui êtes mon confident intime, vous savez), je n’aurais jamais osé dire ce que je vous ai dit aujourd’hui. Et pourtant je pensais bien que vous n’en seriez pas fâché. »

À partir de ce jour, le mariage de Suzanne de Grignan avec M. le baron de N… fut le sujet de toutes les conversations ; il fut non seulement approuvé, mais extrêmement applaudi ; la réputation et la célébrité d’Abel l’avaient mis au rang des grands partis, et plus d’une mère envia le bonheur de Mme de Grignan.

Trois jours avant cet événement, Kersac revenait joyeusement à sa ferme de Sainte-Anne. Son premier soin fut de chercher Hélène, qu’il trouva dans la cuisine, occupée des soins du ménage.

« Hélène, Hélène, s’écria Kersac, me voici ! Et bien content d’être revenu.

Hélène.

Et Jean ?

Kersac.

Jean va très bien ; il viendra un peu plus tard. Je vous expliquerai ça. Et moi, je viens vous demander une chose.