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— Mal, monsieur, très mal, répondit le concierge. Le docteur sort d’ici ; on vient d’envoyer chez vous, monsieur, et chez M. le curé de la Madeleine. »

Abel remonta rapidement l’escalier, traversa les salons ; la porte de Roger était ouverte ; l’enfant était inondé de sueur ; ses yeux entr’ouverts, son regard voilé par les approches de la mort, sa bouche contractée par les souffrances de l’agonie, ses mains crispées et agitées de mouvements convulsifs, annonçaient une fin prochaine. M. et Mme de Grignan, à genoux près du lit, contemplaient avec une douloureuse résignation l’agonie de leur enfant. Suzanne, moins forte pour lutter contre la douleur, à genoux près de sa mère, sanglotait, le visage caché dans ses mains. Abel se mit entre la mère et la fille, pria avec eux et commença à réciter les prières des agonisants ; un léger sourire parut sur la bouche de l’enfant ; il essaya de parler, et, après quelques efforts, il articula faiblement :

« Abel… Merci ! »

M. et Mme de Grignan complétèrent le remerciement de l’enfant par un regard plein de reconnaissance. Le curé entra, s’approcha du mourant, se hâta de lui donner une dernière fois la bénédiction, lui administra le sacrement de l’extrême-onction, et se joignit à M. Abel pour réciter la prière des agonisants.

Au moment où il dit d’une voix plus forte et plus solennelle : Partez, âme chrétienne ! un léger tressaillement agita les membres de l’enfant ; puis sur-