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d’une voix entrecoupée ; venez… Je ne vous verrai plus,… mais je prierai pour vous… Adieu… adieu… Bientôt… je serai… près du bon Dieu… Je suis heureux… d’avoir tant souffert ! Le bon Dieu me récompensera ! »

Kersac s’agenouilla près du lit.

« Cher petit ange du bon Dieu, bénissez-moi une dernière fois, dit-il en posant sur sa tête la petite main de Roger crispée par la souffrance.

— Que le bon Dieu… vous bénisse ! Et vous aussi, Jean… Adieu ! »

Le pauvre petit recommença une crise ; Mme de Grignan pria Kersac de sortir ; Jean demanda à Mme de Grignan s’il pouvait lui être utile ; sur sa réponse négative, il accompagna Kersac.

Le dîner de l’office fut triste ; chacun s’attendait à la fin prochaine du petit Roger ; tout le monde l’aimait, le plaignait, tous étaient attendris de ses terribles souffrances. Kersac dut partir en sortant de table ; il remercia affectueusement le bon Barcuss de ses soins et de son obligeance ; il remercia aussi les gens de la maison, qui tous avaient contribué à lui rendre agréable son séjour chez eux. Il chargea Barcuss de ses respects et de ses remerciements pour M. et Mme de Grignan, et partit avec Jean. En revenant du chemin de fer, Jean passa chez M. Abel ; fatigué de sa journée de la veille, il était chez lui en robe de chambre.

M. Abel.

Te voilà, Jean ! Eh bien, tu as l’air tout triste ! Qu’y a-t-il donc, mon ami ?