Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/420

Cette page a été validée par deux contributeurs.

premiers plats, et on devint gai et bruyant en approchant du rôti ; le dîner était exquis, les vins étaient de premier cru ; on chanta ; quand vint le tour de M. Abel, il entonna avec Caïn et Seth une des chansonnettes en trio qu’ils avaient chantées sur les tréteaux du saltimbanque. Alors seulement ils furent reconnus, interrogés, applaudis. On rit beaucoup de l’invention du marteau magique et de l’attrape faite à Jeannot. Après le repas, qui dura de sept heures à neuf, les violons se firent entendre, les danses commencèrent. Quand on fut bien en train :

« À nous deux, petit Jean, comme au café Métis, s’écria M. Abel. La leçon de danse. »

Et tous deux, en riant, se mirent en position comme au café Métis, et commencèrent la danse qui avait tant amusé les badauds de la rue, et qui fit son même effet au salon de cent couverts de Saint-Cloud. Tout le monde riait, applaudissait.

La soirée se prolongea ainsi gaiement jusqu’à une heure du matin ; on trouva à la gare des voitures retenues par M. Abel pour tous les convives, et chacun rentra chez soi.

Avant de se séparer, M. Abel dit à Jean et à Kersac qu’il irait déjeuner le lendemain chez Mme de Grignan, et qu’il les mènerait à l’exposition des tableaux qui devait ouvrir sous peu de jours, et qui ne l’était encore que pour les artistes.