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M. Abel.

Par ici, par ici, mes amis ! Voici mon ami Kersac ; voici mon petit ami Jean… Monsieur Kersac, je vous présente mes amis Caïn et Seth. Nous ferons route ensemble. Je suis autorisé par M. Amédée à les inviter pour être des nôtres et faire partie de la noce.

— Tout l’Ancien Testament réuni, dit Kersac en riant de son bon rire franc. Monsieur Caïn, vous n’allez pas nous traiter en frères, n’est-ce pas ?

Caïn.

Si fait, si fait. Mais en Caïn régénéré, en Caïn du Nouveau Testament. »

Ils étaient montés dans un compartiment vide, et on allait fermer les portières, lorsqu’une grosse petite dame rouge, pincée, mijaurée, élégante, portant une cage de trois mètres d’envergure et de neuf mètres de tour, s’élança dans le wagon, cherchant une place. Il en restait trois, mais pas ensemble.

« Diable de femme ! murmura Seth. Elle va nous empêcher de fumer.

— Il faut la faire partir, dit Caïn.

M. Abel.

Comment ? de quelle manière ?

Caïn.

Tu vas voir ; secondez-moi tous les deux. »

Il ajouta quelques paroles plus bas encore. Le sifflet se fit entendre ; les wagons s’ébranlèrent.

La grosse petite dame s’était à peine casée en face de Caïn, que celui-ci fit un bond extraordi-