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Jeannot.

Je n’en sais rien. J’ai du guignon. Un voleur viendra peut-être m’enlever tout ce que j’ai.

— Tu ne croyais pas être si bon prophète », dit une grosse voix derrière les enfants.

Les enfants se retournèrent et virent un homme jeune, de grande taille, aux robustes épaules, à la barbe et aux favoris noirs et touffus ; il les examinait attentivement.

Jean sauta sur ses pieds et se trouva en face de l’étranger.

Jean.

Je ne crois pas, monsieur, que vous ayez le cœur de dépouiller deux pauvres garçons obligés de quitter leur mère et leur pays pour aller chercher du pain à Paris, parce que leurs parents n’en ont plus à leur donner. »

L’étranger ne répondit pas ; il continuait à examiner les enfants.

Jean.

Au reste, monsieur, voici tout ce que j’ai ; huit francs vingt-cinq centimes que nos amis m’ont donnés pour mon voyage. »

L’étranger prit l’argent de la main de Jean.

L’étranger.

Et avec quoi vivras-tu jusqu’à ton arrivée à Paris ?

Jean.

Le bon Dieu me donnera de quoi, monsieur, comme il a toujours fait.

— Et toi, dit l’étranger en se tournant vers Jeannot, qu’as-tu à me donner ?