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Simon. Les témoins d’Aimée et les filles de noces les suivirent de près ; M. Abel arriva exactement, mais au dernier moment. Les autres invités devaient se trouver à la mairie ou à l’église.

Une berline attelée de deux chevaux attendait la mariée et ses parents ; ils y montèrent avec joie et avec orgueil.

La voiture de Simon était un joli coupé attelé d’un fort joli cheval ; Jean s’y plaça près de Simon ; tous deux mettaient la tête aux glaces ouvertes pour être vus dans cet élégant équipage. Celui de M. Abel attirait tous les regards : coupé du faiseur le plus à la mode, cheval de grand prix, cocher du plus grand genre. Avant d’y monter, Kersac tourna autour, admirant et caressant le cheval.

« Belle bête ! disait-il. Le bel animal !

— Montez, mon cher, montez, dit Abel en souriant ; nous allons être en retard.

Kersac.

En retard avec cette bête-là ? Je gage qu’elle devancerait les équipages les mieux attelés !

M. Abel.

C’est possible ! Mais montez toujours ; à Paris, un trotteur ne se déploie pas comme dans la campagne ; les embarras de voiture vous arrêtent à chaque pas. »

Kersac monta à regret : à chaque instant il mettait la tête hors de la portière pour examiner les allures du cheval, et il ne parlait que pour répéter :

« Belle bête ! Sapristi ! comme il allonge ! Quel