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emportant leurs trésors. Il fut convenu qu’ils iraient tout de suite porter leurs présents à Aimée. Ils la trouvèrent faisant, avec sa mère, les apprêts du déjeuner du lendemain. Simon offrit le premier ses présents, puis Jean, puis Kersac. Ni Aimée ni Simon ne s’attendaient à ce dernier cadeau ; Kersac fut comblé de remerciements et de compliments sur son bon goût. Mme Amédée essaya l’effet de la chaîne au cou et au corsage d’Aimée. Kersac et Jean se retirèrent peu d’instants après ; ils firent une tournée immense qui inspira à Kersac une grande admiration pour les beautés de Paris.

« Sais-tu, dit-il à Jean, mon dernier mot sur ce magnifique Paris : c’est qu’on doit être bien aise d’en être parti. Il y a du monde partout et on est seul partout. « Chacun pour soi et Dieu pour tous », dit le proverbe ; c’est plus vrai à Paris qu’ailleurs ; que toi et Simon vous en soyez absents, je ne trouve plus rien à Paris… Je serais bien fâché d’y vivre !… Nous voici arrivés chez nous, ou plutôt chez M. le comte de Grignan. J’ai une faim terrible, comme d’habitude.

— Et nous ne déjeunerons qu’après les maîtres, dit Jean. Pourrez-vous attendre encore une demi-heure environ ?

Kersac, riant.

Pour qui me prends-tu ? J’attendrais jusqu’au soir, s’il le fallait. Que de fois il m’est arrivé de ne rien prendre avant la fin du jour ! »

La journée se passa à peu près comme la précédente, entre le service des repas, les visites au