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Jeannot, un peu honteux.

Non, non, je ne dis pas cela ; ce n’est pas ce que je te demande ni ce que je voulais.

Jean.

Mais, moi, c’est ce que je demande et c’est ce que je veux. Nous faisons route ensemble ; nous arriverons ensemble et nous resterons ensemble : il est juste que nous profitions ensemble de la bonté de nos amis. »

Et, sans plus attendre, Jean tira de sa poche la vieille bourse en cuir toute rapiécée qu’y avait mise sa mère, s’assit à la porte de la chapelle, fit asseoir Jeannot près de lui, vida la bourse dans sa main et commença le partage.

« Un franc pour toi, un franc pour moi. »

Il continua ainsi jusqu’à ce qu’il eût versé dans les mains de Jeannot la moitié de son trésor, qui montait à huit francs vingt-cinq centimes pour chacun d’eux.

Jeannot remercia son cousin avec un peu de confusion ; il prit l’argent, le mit dans sa poche.

« J’ai deux francs de plus que toi, dit-il.

Jean.

Comment cela ? J’ai partagé bien exactement.

Jeannot.

Parce que j’avais deux francs que m’a donnés le curé.

Jean.

Ah ! c’est vrai ! Te voilà donc plus riche que moi. Tu vois bien que tu n’es pas si malheureux que tu le disais.