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que je me sens si bien à l’aise avec vous et avec M. Abel ! Ça gâte tout d’être gêné.

Kersac.

Tu as bien raison. Et puis, vois-tu, les Amédée, c’est parisien, commerçant parisien ; ça se moque des bonnes gens comme moi, un campagnard, un fermier, qui n’a pas d’habit ni de gants. Ça ne se dit pas, mais ça se devine. Franchement, je serai content quand la noce sera finie. Et je suis plus content encore de n’avoir pas amené ta mère. La pauvre femme ! elle aurait eu de l’embarras, de la crainte de faire quelque sottise, de faire rire d’elle. Et moi, ça m’aurait fait souffrir ; j’en aurais été tout démonté !

Jean.

Vous avez fait pour le mieux, monsieur. Où allons-nous maintenant ?

Kersac.

Je voudrais acheter mon présent de noces pour Mme Simon, et puis mon présent de noces pour ta mère ; car… Simon a beau m’avoir troublé l’esprit, je crois encore qu’elle ne refusera pas de vivre chez moi comme ma femme, puisqu’elle y vit bien comme ma servante. Je n’aime pas à la voir en service chez moi ; elle vaut mieux que ça. »

Jean demanda à Kersac quelques explications sur ce qu’il voulait acheter.

« Un bijou pour la jeune mariée, répondit-il, et un châle pour la vieille mariée », ajouta-t-il en riant.

Ils allaient entrer chez un bijoutier voisin du café