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Jean.

C’est qu’on est si reconnaissant envers ceux qui vous aiment, quand on est seul, loin de sa famille.

Kersac.

À qui le dis-tu, moi qui n’ai pas de famille et personne à aimer ! Aussi je veux m’en faire une ; ça me pèse trop de vivre seul.

Jean.

Et comment ferez-vous pour vous faire une famille ?

Kersac.

Parbleu ! je me marierai ; pas plus difficile que ça. Comme fait Simon.

Jean.

Mais Simon est jeune, et vous ne l’êtes plus.

Kersac.

Je le sais bien ! Aussi n’épouserai-je pas une jeunesse de dix-huit ans, comme fait Simon. Je prendrai une femme de mon âge à peu près.

Jean.

Et où la trouverez-vous ?

Kersac.

Elle est toute trouvée, pardi ! Ta mère !

Jean, surpris d’abord et riant ensuite.

Maman ! maman ! Mais vous n’y pensez pas, monsieur ! Maman a quelque chose comme trente-trois à trente-quatre ans.

Kersac.

Et moi, j’en ai bien trente-huit à trente-neuf. Vois-tu, Jean, j’ai besoin de quelqu’un de confiance près de moi pour gouverner ma ferme ; et puis