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sourire bienveillant et un peu malin, et avec quelques signes du doigt qui voulaient dire : « Ne me trahis pas, tais-toi ».

Barcuss.

Je vais voir si madame est dans le salon.

— Monsieur ! dit Jean dès qu’ils furent seuls.

M. Abel.

Chut ! Barcuss va revenir. Tu as manqué me trahir… Crois-tu donc que ce que j’ai fait pour Simon, je ne l’aurais pas fait pour toi ? toi, mon ami, mon confident ! » ajouta-t-il en riant.

À table, Jean vit pour la première fois Mlle Suzanne de Grignan, jeune personne gracieuse, aimable, charmante. Toute la famille était si unie, si bonne, que Jean se sentit tout de suite à son aise comme s’il en faisait partie. Pour la première fois il eut l’occasion d’apprécier l’esprit gai, vif et charmant de M. Abel. Il l’admira d’autant plus ; il ne le quittait pas des yeux, et plus d’une fois cet enthousiasme muet excita le rire bienveillant des cinq convives.