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bientôt, et je serai bien, bien heureux avec le bon Dieu… Je prierai pour toi, Jean, quand je serai là-haut. »

Roger se tut et ferma les yeux ; il ne pouvait plus parler, tant sa faiblesse était grande et sa souffrance aiguë. Jean voulut se relever, mais Roger sourit légèrement sans ouvrir les yeux et retint la main qu’il tenait.

« Prions, dit-il très bas.

Jean.

Oh oui ! Prions, pour que le bon Dieu vous rende la santé.

Roger.

Non !… Prions pour que sa volonté soit faite, et qu’il fasse de moi tout ce qu’il voudra… C’est mieux, ça… Je suis content aujourd’hui, reprit-il après un assez long silence. Papa et maman pourront se reposer pendant que tu es près de moi, Jean… Et je suis tranquille quand ils se reposent… Mon ami Abel t’aime beaucoup, Jean… parce que tu aimes bien le bon Dieu… Et moi aussi, je t’aime pour cela, et je suis content quand tu es là, près de mon lit… Et puis, j’aime à voir tes yeux ; ils sont doux, ils sont bons ; ils ont toujours l’air d’aimer. »

Roger s’arrêta ; son visage se contracta.

« Jean, Jean… prie pour moi… que le bon Dieu m’aide… Je souffre, je souffre !… Ah ! mon Dieu ! Ah ! mon Dieu !… Pardon. Ma bonne Sainte Vierge ! Aidez-moi ! Ayez pitié de moi ! Oh ! Dieu ! »

Jean retira sa main d’entre celles de Roger, qui