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Jeannot.

Ah ! laisse-moi donc tranquille avec ton après.

Jean.

C’est qu’après tu mourras, Jeannot. Et que lorsque tu seras mort, il y aura encore un après et un toujours ! »

Jeannot lança à Jean un regard de colère et de mépris, et passa de l’autre côté de la rue pour ne plus marcher avec lui. Au coin de la rue Castiglione, Jeannot tourna à droite, Jean continua tout droit et dit un dernier adieu au pauvre Jeannot, qui se croyait très heureux et qui ne daigna ni répondre ni tourner la tête.

« Quel dommage qu’il ait quitté le pays ! se dit-il ; Paris l’a perdu ! »

Jean arriva chez M. et Mme de Grignan ; ce fut Barcuss qui le reçut.

« Ah ! te voilà donc, mon ami ! Je suis bien content de t’avoir chez nous, et nous allons nous mettre à l’ouvrage tout de suite ; M. Abel dîne ici ; tu vas essuyer les assiettes et les verres pendant que je préparerai le dessert et le vin.

Jean.

Comment va ce pauvre petit M. Roger ? A-t-il passé une bonne nuit ?

Barcuss.

Non. Mauvaise comme toutes celles qu’il passe depuis quinze mois. Il souffre constamment ; il n’a pas de sommeil, le pauvre petit. Le père et la mère sont sur les dents. »

Un coup de sonnette se fit entendre.