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Les deux frères firent leurs adieux à M. Métis, qui leur donna à chacun une gratification de vingt francs ; et ensuite ils prirent congé de leurs camarades, qui les voyaient partir avec regret.

En arrivant chez M. Amédée, ils furent reçus avec une grande joie.

« Seulement, mon ami, lui dit Mme Amédée, vous auriez dû nous prévenir pour les meubles ; je ne savais pas que vous en eussiez acheté, et j’avais mis dans votre chambre ceux que j’avais : pas beaux, mais pouvant servir. Il a fallu enlever mes vieilleries pour y placer votre joli mobilier. Les tapissiers y ont travaillé depuis le jour naissant ; rideaux, alcôves, ils ont tout mis en quelques heures. C’est que vos meubles sont charmants ; ils sont très bien. La future chambre d’Aimée est même trop élégante ; je ne lui fais pas d’autre reproche. »

Simon était stupéfait ; la surprise l’avait empêché d’interrompre sa future belle-mère.

Simon.

Mes meubles ! La chambre d’Aimée ! dit-il enfin. Mais je n’ai rien acheté. Je ne sais ce que cela veut dire.

Jean.

Comment, Simon, tu ne devines pas ? Mon cœur me dit, à moi, que c’est M. Abel ; toujours M. Abel. Allons vite voir ce qu’il y a dans tes deux chambres. Je suis content pour toi et pour Aimée. »

Ils montèrent tous au premier, au-dessus du magasin. Simon et Jean trouvèrent, en effet, un mobilier complet dans chaque chambre ; les meubles