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tout fumant, bien cuit à point, un petit pain mollet et une bouteille de vin de premier choix.

Jean.

Là ! mangez ! monsieur ! Pendant que vous déjeunerez, je vais vous raconter quelque chose, et je vous demanderai un service, un très grand service.

M. Abel.

Parle, mon ami ; je t’écoute. »

Jean lui raconta ce qui s’était passé la veille, et finit par lui demander instamment de placer Jeannot.

M. Abel.

Mais, mon ami, je trouve que Jeannot s’est très mal conduit avec Simon, et qu’il ne mérite pas du tout mon intérêt ni le tien.

Jean.

Cher monsieur Abel, pensez donc que M. Pontois va le renvoyer, et que ce malheureux Jeannot mourra de faim et de froid, car voici l’hiver qui approche.

M. Abel.

C’est vrai, mais comment veux-tu que je recommande ce garçon que je ne voudrais pas pour moi-même ?

Jean.

Oh ! monsieur, vous avez été pour Simon et pour moi si bon, si bon, que si je ne craignais de vous fâcher, je dirais (ce que je pense, au reste) qu’il n’y a pas de saint meilleur que vous. Et vous seriez méchant pour Jeannot ? C’est impossible !