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voir et de vous aider un peu avec ce que j’ai de trop.

Hélène.

Je ne suis pas une ingrate, monsieur Kersac, croyez-le bien.

Kersac.

Je le sais bien ; je le vois bien ; et ça repose le cœur, voyez-vous, quand on n’a personne à aimer dans ce monde : je veux dire des créatures humaines, car on a toujours le bon Dieu à aimer. Je dis donc que ça repose le cœur quand on voit une bonne et honnête femme qui vous remercie du peu qu’on a fait pour elle, qui en est reconnaissante comme si c’était une belle et grande chose, et qui prie pour vous, qui pense à vous, qui vous aime. C’est une grande récompense, ma bonne Hélène, trop grande pour ce que je vaux. Et que vous écrit Jean dans sa dernière lettre ? ajouta-t-il après quelques instants.

Hélène.

Ils m’écrivent tous deux, monsieur Kersac. M. Abel a été bien bon pour eux ; en voilà encore un qui est un vrai cœur d’or, comme dit mon petit Jean. »

Et Hélène raconta à Kersac tout ce que M. Abel avait fait et promis, et comment il avait assuré à Simon un excellent mariage.

Kersac.

Peste ! il n’y va pas de main morte, ce bon Abel ! Plaise à Dieu qu’il n’ait pas son Caïn. Il va falloir que vous alliez à la noce d’ici à un an ou deux.