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le vent, la sueur, la poussière, tout ça vous ébouriffe, vous dérange ; avec ma glace, je verrai de suite si je suis présentable. Vous n’êtes pas fâchée, n’est-ce pas ?

Hélène ne répondit qu’en lui serrant les mains dans les siennes ; sa bouche resta muette, mais ses yeux exprimèrent sa reconnaissance ; elle rentra et se mit à ranger les provisions dans l’armoire que lui avait value l’égoïsme de Kersac.

Kersac.

Un clou, s’il vous plaît, Hélène, pour attacher la glace. Où faut-il l’accrocher ?

Hélène.

Elle sera bien partout où vous la mettrez, monsieur Kersac. Voici un clou. »

En prenant le clou, Kersac s’aperçut qu’elle avait les yeux pleins de larmes.

Kersac.

Pourquoi pleurez-vous, Hélène ?… Pourquoi ?… Je veux que vous me le disiez.

Hélène, souriant.

Je pleure sur votre égoïsme ; je remercie le bon Dieu de vous avoir donné un si beau défaut, et je le prie de vous en récompenser dans ce monde et dans l’autre.

Kersac.

Oh ! dans ce monde, je n’y tiens guère ; dans l’autre, je ne dis pas ; et, à mon tour, je prie le bon Dieu de vous y retrouver avec mon petit Jean après ma mort.