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pour mettre une bûche au feu sans me gêner quand j’arrive transi de froid. Enfin, écoutez donc, je suis comme ça, moi. J’aime mes aises. Ce ne serait pas bien à vous de prendre mauvaise opinion de moi parce que je suis un peu…, un peu…, allons, il faut s’exécuter et lâcher le mot, un peu égoïste. »

Hélène sourit.

« Que le bon Dieu nous donne à tous des égoïstes de votre façon, monsieur Kersac.

Kersac.

Et quelles nouvelles des enfants ?

Hélène.

Très bonnes, merci bien. Jean me parle de vous dans toutes ses lettres ; il dit toujours, en me parlant de ce bon M. Abel qui le fit penser à vous, qu’il est bon comme vous, obligeant et gai comme vous, et que, comme vous, il ne peut souffrir le pauvre Jeannot.

Kersac.

Ha ! ha ! ha ! C’est bon, ça ! Eh bien, cela me donne bonne opinion de ce M. Abel. Ce Jeannot me déplaît plus que je ne puis le dire. Je parie qu’il finira par filouter et par se faire pincer.

Hélène.

Oh ! monsieur Kersac. Ne dites pas ça. Ce serait terrible ! Pensez donc ! l’enfant de ma sœur !

Kersac.

Oui, mais le père était un gueux, un gredin ! Excusez, ma bonne dame Hélène, je ne voulais pas vous peiner ; seulement, pour vous dire mon impression, ce garçon est jaloux de Jean ; il est