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portion du lapin qu’elle avait mangée, mais elle l’interrompit.

« Assez mangé et assez parlé mangeaille, mes enfants ; à présent, rangeons tout et préparons le coucher ; ce ne sera pas long. Jeannot couchera avec toi dans ton lit, mon petit Jean. Avant de commencer notre nuit, enfants, allons faire une petite prière dans notre chère église ; nous demanderons au bon Dieu et à notre bonne mère de bénir votre voyage.

Jean.

Et puis nous irons dire adieu à M. le curé, maman !

Hélène.

Oui, mon ami ; c’est une bonne idée que tu as là, et qui me fait plaisir. »

Le jour commençait à baisser, mais ils n’avaient pas loin à aller ; l’église et le presbytère étaient à cent pas. Ils marchèrent tous les trois en silence ; la mère se sentait le cœur brisé du départ de son enfant ; Jean s’affligeait de la solitude de sa mère, et Jeannot songeait avec effroi aux dangers du voyage et au tumulte de Paris.

Ils arrivèrent devant l’église ; la porte était ouverte, Hélène entra suivie des enfants, et tous trois se mirent à genoux devant l’autel de la sainte Vierge. Hélène et Jean priaient et pleuraient, mais tout bas, en silence, afin d’avoir l’air calme et content. Jeannot soupirait et demandait du pain et un voyage heureux, suivi d’une heureuse arrivée chez Simon.