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et gaie, un autre plus jeune, mais portant une ressemblance si frappante avec le premier, qu’on ne pouvait douter qu’ils ne fussent frères ; dans les Habits neufs, le plus jeune était admirablement beau d’expression ; son regard exprimait le bonheur, la tendresse, la reconnaissance.

« Sais-tu, lui dit un jour celui qui avait pris le nom de Caïn à la soirée de M. Pontois, sais-tu que cette seule figure ferait la réputation d’un peintre ?

Abel.

Elle est belle, en effet ; elle a surtout le mérite de la ressemblance.

Caïn.

Celui qui aura ces quatre tableaux aura une des plus belles et des plus charmantes choses qui auront été faites en peinture.

Abel.

Personne ne les aura jamais ; c’est pour moi que je travaille.

Caïn.

Tu es fou ! Tu vendrais ces quatre tableaux quarante ou cinquante mille francs !

Abel.

On m’en offrirait quatre cent mille francs que je ne les donnerais pas. Ils me rappellent de charmants moments de ma vie ; tu connais l’histoire de ces tableaux, et tu sais le bonheur que m’a donné cette suite de bonnes actions que m’a inspirées mon bon petit Jean. Excellent enfant ! Quel cœur reconnaissant ! Quel beau et noble regard !