Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parfaitement ; on trouva des brodequins qui chaussaient admirablement sans gêner le pied, des chapeaux qui allaient on ne peut mieux, et des gants qui se mettaient sans effort, car Simon et Jean ne voulurent pas avoir les mains serrées. Le tailleur avait poussé l’attention jusqu’à mettre des mouchoirs dans les poches des habits. Simon et Jean ne savaient comment exprimer leur reconnaissance ; ils chargèrent le tailleur des remerciements les plus tendres, les plus respectueux, pour le bienfaiteur inconnu.

Quand M. Abel arriva, Jean, qui l’attendait avec une grande impatience, lui servit son déjeuner.

Jean.

Oh ! monsieur, si vous saviez comme ce monsieur Peintre est bon, vous seriez bien fâché de ce que vous en disiez l’autre jour. Ce bon, cet excellent monsieur Peintre a pensé à tout ; nous avons tout ce qu’il nous faut, Simon et moi, tout, jusqu’à des mouchoirs blancs et fins pour nous moucher. Chapeaux, chaussures, linge, gants, rien n’y manque, rien. N’est-il pas d’une bonté à faire pleurer ? Oui, monsieur, c’est vrai ce que je vous dis. Quand nous avons monté nos effets dans notre chambre, nous nous sommes mis à genoux, Simon et moi, pour prier le bon Dieu de bénir cet excellent monsieur Peintre, et nous avons pleuré tous deux dans les bras l’un de l’autre ; pleuré de joie, de reconnaissance ! Oh oui ! le bon Dieu le bénira, monsieur ; ce qu’il a fait là n’est pas une charité ordinaire ! Non, non ;