Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sieur, ce n’est pas sa faute ; il a fait comme on lui a commandé.

M. Abel.

Tu as raison ; c’est l’autre qui est un sot, un imbécile.

Jean.

Oh ! monsieur ! Un si bon monsieur ! qui prend intérêt à nous sans nous connaître, et qui fait une si grande charité et avec tant de bonté et de grâce !

M. Abel.

Je te dis que c’est un animal. Quand on fait une bonne action, il ne faut pas la faire à demi. La jolie figure que vous ferez avec des habits élégants, des chaussures de porteurs d’eau et une cravate de coton à carreaux… Et le chapeau, y a-t-on pensé ?

Jean.

Je ne crois pas, monsieur ; mais on ne garde pas son chapeau dans une maison comme il faut, où l’on danse. Nous irons sans chapeau, Simon et moi. C’est si près ! Avec ça qu’il fera nuit.

M. Abel.

Et que la rue Saint-Roch n’est déjà pas si éclairée. »

M. Abel déjeuna vite ce jour-là. Il dit à Jean de servir promptement, qu’il était pressé. Jean fit de son mieux, M. Abel aussi, de sorte qu’un quart d’heure après, ce dernier était parti.

Simon et Jean voyaient Jeannot de moins en moins ; mais ils savaient qu’il devait aller au bal de M. Amédée.