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« Attends, je vais l’aider à sortir de sa cachette », dit la tante enchantée de la découverte de Jean.

Se baissant, elle saisit les jambes de Jeannot et tira jusqu’à ce qu’elle l’eût ramené au grand jour.

À peine Jeannot fut-il dehors, qu’il recommença ses cris et ses gémissements.

Jean.

Voyons, Jeannot, sois raisonnable ! Je pars comme toi ; est-ce que je crie, est-ce que je pleure comme toi ! Puisqu’il faut partir, à quoi ça sert de pleurer ? Que fais-tu de bon ici ? rien du tout. Et à Paris, nous allons retrouver Simon, et il nous aura du pain et du fricot. Et il nous trouvera de l’ouvrage pour que nous ne soyons pas des fainéants, des propres à rien. Et ici, qu’est-ce que nous faisons ? Nous mangeons la moitié du pain de maman et de ma tante. Tu vois bien ! Sois gentil : dis adieu à ma tante, et viens avec moi. Le voisin Grégoire a donné à maman une bonne galette et un pot de cidre pour nous faire un bon souper, et puis Daniel nous a donné un lapin qu’il venait de tuer. »

Le visage de Jeannot s’anima, ses larmes se tarirent et il s’approcha de son cousin en disant :

« Je veux bien venir avec toi, moi. »

La tante profita de cette bonne disposition pour lui donner son petit paquet accroché au bout du bâton de voyage.

« Va, mon garçon, dit-elle en l’embrassant, que Dieu te conduise et te ramène les poches bien remplies de pièces blanches ; tiens, en voilà deux de vingt sous chacune ; c’est M. le curé qui me les