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un quinquet de chacun des côtés restants complétait l’éclairage.

Les rafraîchissements se composaient d’eau sucrée, d’eau rougie, de bière, de tartines de pain et de beurre, d’échaudés, de macarons, de pruneaux et raisins secs, d’amandes, de noisettes, de pâtes de réglisse et de guimauve, de sucre d’orge et de sucre candi.

Les invités commençaient à arriver. Simon et Jean avaient été des premiers. Jean flottait (comme l’avait dit M. Abel) dans les habits de Simon. Et Simon, au contraire, était ficelé dans les siens, achetés depuis longtemps et avant qu’il eût pris du corps. Jeannot avait une veste, un gilet, un pantalon loués pour la soirée ; mais ils étaient si heureux des plaisirs de cette réunion, qu’ils ne songeaient pas à l’effet que produisaient leurs vêtements.

M. Abel arriva et présenta son ami, M. Caïn ; tous deux étaient en grande tenue de soirée, gants paille, cravates blanches, gilets blancs, vêtements noirs. On les attendait pour commencer le concert. Quelques dames miaulèrent quelques romances ; quelques messieurs hurlèrent quelques grands airs, on mangea, on but ; Jean et Jeannot s’en donnaient et ne s’éloignaient pas de la table des rafraîchissements.

La soirée était fort avancée, et Caïn et Abel n’avaient pas encore chanté.

« Monsieur, dit Mme Pontois en s’approchant de M. Abel, on nous avait fait espérer que vous voudriez bien chanter quelque chose.