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renvoyé d’un coup de pied, avec du pain sec pour souper.

M. Abel.

Ah ! ah ! ah ! la bonne farce ! Et sait-on qui était ce faux Anglais ?

Jean.

Non, monsieur ; personne ne le connaît.

M. Abel.

Bon ! il faudra tâcher de le retrouver, pourtant.

Jean.

Il vaut mieux le laisser tranquille, monsieur. Il n’a fait de mal à personne ; il s’est un peu amusé, mais il n’y avait pas de quoi se fâcher.

M. Abel.

Tu n’en veux donc pas à ce farceur ?

Jean.

Oh ! pour ça non, monsieur !

M. Abel.

Allons, tu es un bon garçon ; tu comprends la plaisanterie. Pas comme Jeannot, qui rage pour un rien. »

Peu de jours après, M. Abel se dirigea encore vers l’épicier de Jeannot ; il n’avait pas la même apparence que les jours précédents ; sur sa redingote il avait une blouse à ceinture, autour du visage un mouchoir à carreaux, sur la tête une casquette d’ouvrier et son chapeau à la main. Il tenait une grande marmite. Il s’arrêta devant l’épicier, entra et demanda, avec l’accent auvergnat : « Du raichiné, ch’il vous plaît ?