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assez avancée ; ensuite il fallait tout laver, essuyer, ranger. Souvent, à minuit Simon n’était pas encore couché. Quant à Jean, vu sa grande jeunesse, Simon avait obtenu qu’on l’envoyât se coucher à dix heures, de sorte que, sans être trop fatigué, il n’avait que bien rarement la possibilité d’aller voir Jeannot.

Le dimanche, Simon et Jean se levaient de grand matin et allaient à la messe de six heures. Ils avaient proposé à Jeannot d’aller le prendre ; il les accompagna à la messe les premiers dimanches ; puis il trouva que c’était trop matin ; il préférait dormir et aller à la messe de dix heures, de midi ou même pas du tout ; de sorte qu’il vit de moins en moins Simon et Jean.

Au café, il n’y a pas de dimanche pour les garçons ; c’est au contraire le jour où il y a le plus à faire, le plus de monde à servir. Pourtant, Simon ayant mis pour condition de son entrée et de celle de son frère, qu’ils iraient à l’office du soir de deux dimanches l’un, Jean y allait une fois et Simon la fois d’après. Cette condition, demandée, presque imposée par Simon, avait d’abord surpris et mécontenté le maître du café ; mais, en voyant le service régulier, consciencieux de Simon, ensuite de Jean, il prit les deux frères en grande estime, il eut confiance en eux, et il comprit que, pour avoir des serviteurs honnêtes et sûrs, il était bon d’avoir des serviteurs chrétiens.

En outre, Simon et Jean plaisaient beaucoup aux habitués et même aux allants et aux venants ; ils