Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils ne comprennent même pas le français ! Dis donc, Jeannot, mène-le à son hôtel Meurice ; ce sera plus tôt fait. »

Jeannot sortit faisant signe à l’Anglais de le suivre. L’Anglais suivit ; aux questions que lui adressa Jeannot il répondait avec le même flegme :

« Hôtel… Meurice ? »

Ils y arrivèrent promptement ; l’Anglais le dépassa, marchant droit devant lui.

Jeannot courut après lui.

Jeannot.

Par ici, m’sieu ! Par ici ! Vous l’avez dépassé.

M. Abel.

Hôtel… Meurice ?

Jeannot.

C’est ici votre hôtel Meurice. Vous ne voyez donc pas ? Vous êtes en face, en plein ! Là ! sous votre nez !

M. Abel, reprenant sa voix naturelle.

Merci, épicier ! »

En même temps il lui enfonça à deux mains sa casquette sur les yeux ; de sorte qu’il put entrer à l’hôtel et disparaître avant que sa victime se fût dépêtrée de sa casquette. Jeannot regarda autour de lui et retourna à l’épicerie, fort en colère d’avoir été joué par un mauvais plaisant. Quand il rentra et qu’il conta son aventure, tout le monde se moqua de lui, ce qui ne lui rendit pas sa belle humeur ; il se trouva malheureux et mal partagé.

« Quand je pense à Jean, quelle différence entre lui et moi ! Comme sa position est agréable ! Et