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n’avait subi aucun déficit. Rassurée sur ce point, elle écouta avec intérêt la conversation de Jean et de l’étranger.

« Comment as-tu fait pour arriver si tôt ? demanda M. Abel. Vous deviez être un mois en route.

Jean.

Oui, monsieur ; mais nous avons rencontré un excellent M. Kersac, fermier près de Sainte-Anne ; il nous a menés en carriole jusqu’à Vannes, puis jusqu’à Malansac, puis il nous a payé nos places au chemin de fer jusqu’à Paris, de sorte que nous y étions avant vous, monsieur.

L’étranger, souriant.

Et ce brave Kersac avait-il pris goût pour Jeannot ?

Jean, souriant.

Pas trop, monsieur. Ce pauvre Jeannot a continué à se lamenter de son guignon.

L’étranger.

Guignon ! Il devrait dire maussaderie, humeur ! C’est étonnant comme ce pleurard me déplaît… Pourquoi n’as-tu pas dit mon nom à Simon ?

Jean.

C’est que je ne le savais pas, monsieur.

L’étranger.

Comment ! je l’avais écrit sur un papier que je t’ai mis dans ta bourse.

Jean.

Et moi qui ne l’ai pas vu !… Il est vrai que je n’ai pas eu occasion d’ouvrir ma bourse depuis que je vous ai quitté. Mais que je suis donc content de