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« Monsieur le voleur ! Quel bonheur ! le voilà ! »

À ce cri, les garçons se retournèrent, la dame du comptoir répéta le cri de Jean, les habitués se levèrent, le plus résolu courut à la porte pour la garder ; Simon resta stupéfait, et Jean saisit la main du voleur, qui se leva en riant aux éclats.

« Très bien, mon petit Jean, c’est ce que j’attendais ! Oui, messieurs, je suis, comme le dit Jean, un voleur… mais un voleur pour rire, ajouta-t-il en voyant les garçons et les habitués s’avancer vers lui avec des visages et des poings menaçants. J’ai fait le voleur pour donner de la prudence à ces enfants, qui comptaient leur argent sur la grande route, le long d’un bois. À propos, Jean, où est donc le pleurard que je n’aimais pas, ton cousin Jeannot ?

Jean.

Chez un épicier ici à côté, monsieur, dans la rue de Rivoli.

L’étranger.

Un épicier ! quelle chance ! Moi, tout juste, qui déteste les épiciers ! Eh bien, Simon, me connais-tu maintenant ?

Simon.

Je crois bien, monsieur, sauf que je ne sais pas votre nom. Jean m’a tout conté, et je suis bien content de vous voir, monsieur. »

Les habitués s’étaient remis à manger et les garçons à servir ; tous riaient plus ou moins de leur méprise. La dame du comptoir comptait son argent pour s’assurer que, dans la bagarre, sa caisse