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petite chambre, remerciaient Dieu de les avoir réunis. Jean était heureux. Ses seuls moments de tristesse étaient ceux où le souvenir de sa mère venait le troubler ; quelquefois une larme mouillait ses yeux, mais il chassait bien vite cette pensée, et il retrouvait son courage en regardant son frère si heureux de sa présence.

Un jour, vers midi, un monsieur entra dans le café.

« Une nouvelle pratique », dit la dame du comptoir à Simon, qui se trouvait près d’elle.

Simon regarda et vit un jeune homme de belle taille, de tournure élégante, qui examinait le café, les garçons, les habitués. Ses yeux s’arrêtèrent sur Simon avec un léger mouvement de surprise. Il s’assit à une petite table et appela :

« Garçon ! »

Un garçon s’empressa d’accourir.

« Non, ce n’est pas vous, mon ami, que je demande ; je veux être servi par Simon. »

Le garçon s’éloigna un peu surpris, et avertit Simon qu’un monsieur le demandait.

Simon.

Monsieur me demande ? Qu’y a-t-il pour le service de monsieur ?

L’étranger.

Oui, Simon, c’est vous que j’ai demandé ; apportez-moi deux côtelettes aux épinards et un œuf frais. »

Simon partit et revint un instant après, apportant les côtelettes demandées.