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commencer. Au revoir, je m’en vais, moi, avec mon débutant.

Pontois.

Il est gentil, celui-ci ! Dites donc, Simon, voulez-vous changer ? Reprenez l’autre et donnez-moi celui-ci.

Simon.

Non, non, Pontois, gardons chacun le nôtre ; celui-ci est mon frère, Jeannot est mon cousin. Au revoir. Je viendrai demain savoir comment ça va. Courage, Jeannot, ne te trouble pas pour si peu. À demain. »

Jeannot ne répondit pas ; il était mécontent de la différence que faisait Simon entre le frère et le cousin. Pontois le mit de suite à l’ouvrage ; il lui fit porter un paquet d’épicerie à l’hôtel Meurice, qui se trouvait à quelques portes plus loin, et il le fit accompagner par un des garçons.

Les premiers jours, Jeannot ne fit pas autre chose que des commissions et des courses avec les garçons qu’on envoyait dans tous les quartiers de Paris, de sorte qu’il commençait à connaître les rues et aussi les habitudes du commerce.

Jean faisait de son côté l’apprentissage de garçon de café ; son intelligence, sa gaieté, sa bonne volonté, sa prévenance le mirent promptement dans les bonnes grâces des habitués du café ; on aimait à le faire jaser, à se faire servir par lui ; il recevait souvent d’assez gros pourboires, qu’il remettait fidèlement à Simon. Celui-ci était fier du succès de son frère ; tous deux, en rentrant le soir dans leur