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Hélène.

Et tu feras bien, mon ami ; il doit être bon, cela se voit dans ses livres. Et il aime les enfants, cela se voit bien aussi.

Jean.

Une fois arrivé à Paris et chez Simon, je n’aurai plus peur.

Hélène.

Il ne faut pas avoir peur non plus sur la route, mon ami. Qu’est-ce qui te ferait du mal ? Et pourquoi te causerait-on du chagrin ?

Jean.

C’est qu’il y a des gens qui ne sont pas bons, maman ; et il y en a d’autres qui sont même mauvais.

Hélène.

Je ne dis pas non ; mais tu ne seras pas le premier du pays qui auras été chercher ton pain et ta fortune à Paris ; il ne leur est pas arrivé malheur ; pas vrai ? Le bon Dieu et la sainte Vierge ne sont-ils pas là pour te protéger ?

Jean.

Aussi je ne dis pas que j’aie peur, allez ; je dis seulement qu’il y a des gens qui ne sont pas bons ; c’est-il pas une vérité, ça ?

Hélène.

Oui, oui, tout le monde la connaît, cette vérité. Mais tu ne veux pas pleurer en partant, tout de même ! Je ne veux pas que tu pleures.

Jean.

Soyez tranquille, mère ; je m’en irai bravement