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Kersac.

Tu ne ris pas aujourd’hui, Jean ?

Jean.

Non, monsieur : je n’ai pas envie de rire ; je ferais plus volontiers comme Jeannot, je pleurerais.

Kersac.

Pourquoi cela ?

Jean.

Parce que je suis triste de vous quitter, monsieur ; vous avez été bien bon pour moi et pour Jeannot. Vous reverrai-je jamais ? C’est ça ce qui me chagrine. Ce serait dur de ne jamais vous revoir. »

Jean leva sur Kersac ses yeux humides ; Kersac lui caressa la joue, le front, mais il garda le silence. Jeannot entra joyeusement avec le café, le lait, les tasses et le pain. Il semblait avoir changé d’humeur avec son cousin ; son visage était souriant, tandis que celui de Jean était triste. Ils se mirent à table ; Jeannot seul parlait et riait. Quand le déjeuner fut achevé, Kersac se leva pour faire boire son cheval, mais Jean ne voulut pas le laisser faire, de peur qu’il ne fatiguât son pied encore sensible. En attendant le moment d’atteler, Jean se mit à causer avec Kersac.

« Monsieur, lui dit-il, si vous avez une occasion pour Kérantré, vous ferez donner de nos nouvelles à maman, n’est-ce pas ? Cela me ferait bien plaisir.

Kersac.

Non, certainement, mon ami, je ne lui en ferai pas donner, mais j’irai lui en porter moi-même.