Page:Ségur - Histoire universelle ancienne et moderne, Lacrosse, tome 5.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corps pour pénétrer plus facilement en Italie. Marius, qui suivait tous leurs mouvemens, se trouva près de la plus forte de leurs colonnes, sur la frontière de l’Helvétie. Le nombre des barbares était prodigieux : le consul aurait, voulu éviter le combat, mais le manque de vivres et d’eau ne lui permit pas de délai. Il livra bataille ; elle dura deux jours. Le génie de Marius, l’habileté de ses mouvemens et le courage des Romains l’emportèrent sur la fougue impétueuse et sur la résistance opiniâtre des ennemis. Il leur tua deux cent mille hommes, et fit quatre-vingt-dix mille prisonniers, parmi lesquels se trouvait le roi Teutobochus.

Cette armée était presque entièrement composée d’Ambrons et de Teutons. Les barbares, qui voulaient fuir les Romains vainqueurs, périssaient sous les coups de leurs femmes qui, le glaive à la main, leur reprochaient leur lâcheté, et les frappaient quand ils ne voulaient pas retourner au combat.

Les Cimbres, ignorant la défaite de leurs alliés, s’avancèrent sur les Alpes, bravant tous les obstacles que leur opposaient l’aspérité des montagnes et la rigueur de l’hiver. Sans chercher de route, ils se couçhaient sur les peaux qui les couvraient, et, se précipitant du haut des monts, ils se laissaient glisser sur la neige jusque dans la plaine.

Le proconsul Catulus voulut en vain les arrêter sur les bords de l’Adige, ils passèrent cette rivière malgré lui. Ne pouvant ramener ses soldats au combat et les empêcher de fuir, il fit marcher une enseigne en avant d’eux, pour donner à cette fuite l’ordre et l’apparence d’une retraite.