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HISTOIRE

passer, pour la première fois, le sceptre dans les mains d’une branche collatérale, celle des Valois. Philippe VI fut le chef de cette tige royale ; elle régna sur la France pendant deux cent soixante ans, depuis 1328 jusqu'en 1589.

L'avénement de Philippe à une couronne qu'il était si loin d'espérer, et la victoire de Cassel, qui signala le commencement de son règne, lui firent donner par le peuple le surnom de Fortuné, surnom que démentirent trop, dans la suite, l'oppression de ce même peuple, les troubles qui agitèrent le royaume, les guerres civiles et extérieures, le désordre des finances, l’altération des monnaies, une famine et une contagion sans exemple, qui décimèrent la population, enfin une défaite honteuse à Crécy, sanglant prélude de toutes les calamités qui tombèrent sur ses successeurs.

Ainsi ce prince, vaillant, mais inhabile , ferme dans ses desseins, mais injuste dans ses actes, ne sut vaincre ni ses passions, ni ses ennemis. Il fut loin de mériter le surnom de Fortuné. Les nombreuses erreurs de son

[[Détails sur la régence.]]

administration et les vices de son caractère, éloignant de lui l'affection de ses sujets, seule force réelle des gouvernemens, doivent le faire compter au nombre des monarques les plus malheureux.

Nous avons déjà dit que, Charles-le-Bel, en mourant, ayant laissé enceinte la reine sa femme, nul prince ne pouvait élever de prétentions au trône avant de connaître le sexe de l'enfant royal qui devait naître. Ainsi la régence, comme le dit avec raison Nangis, était pour le moment la seule question qui pût être soumise aux délibérations des barons français.